Exceptionnellement, cette note s'adresse à la fois aux internautes, et à mes petits camarades de classe, puisque l'on m'a demandé dans le cadre d'une séance "Journalisme multimédia" de parler de mon expérience de blogger.
Quel bilan tirer de quelques mois de blogging? Des commentaires en vrac sur le "phénomène blog" en général, l'interêt d'un blog en particulier.
- A la base, l'envie de réfléchir sur le basculement de la presse écrite vers Internet. Pas un jour ne passe sans que l'on lise ça et là des preuves. Rien que cette semaine; deux annonces: les nouveaux sites de Libération et du Wall Street Journal. Les responsables parlent de "complémentarité accrue entre les deux supports"... Reste que la version papier est menacée (au moins en presse quotidienne): le marché publicitaire redécolle sur Internet, il stagne en presse. Les points presse ferment, les connections haut-débit s'envolent.Une envie: réfléchir à l'impact de ce basculement sur le traitement de l'information, des conditions de sa production par les e-journalistes (à Radio France multimédia, on dit webtrotteurs) jusqu'à la façon dont elle est reçue par les Internautes.Quel rôle joue les blogs là-dedans? Patrick Pépin a posé hier le bon diagnostic sur la crise des médias. Nous n'écoutons pas ce que dit le public. L'information est encore considérée comme descendant d'une minorité vers une majorité. Les blogs sont l'un des outils de recomposition de ce modèle.
- outil de veille: Il se trouve que le blog est public, mais qu'il est aussi un formidable outil de veille à usage personnel. Un grand nombre de sites en lien avec mon domaine d'interêt sont référencés sur mon blog. J'utlise mon blog comme portail vers d'autres informations. Aujourd'hui les logiciels RSS, comme feedemon, qui me sert aujourd'hui d'agence de presse personnalisée, me permettent de faire venir à moi tout un tas d'infos qui sans ça m'échapperait,et marginalise un peu l'interêt du blog dans ce cas.
Le blog, ensuite, est un outil de niche. Mon blog m'a permis de disuter avec tout un tas de personnes sur l'impact du RSS sur l'AFP par exemple. Ca ne vous interesse pas et c'est normal... Car Il n'a pas vocation à être le support d'une information généraliste, mais le blog permet à des communautés d'expert de se constituer, et de partager ses points de vue. Sur la musique indépendante chez Jm et Vincent. Ils sont une application parfaite de la loi de Reed. Je vous retranscris ici une interview de l'iventeur de cette loi. Reed explique comment lui est venu l'idée en regardant le modèle d'EBay
"eBay eu ce succès car il facilitait la formation de groupes sociaux autour d'intérêts communs. Les groupes sociaux se forment autour d'invidus désirant vendre des théières ou des radios de collection. A ce moment-là, je lisais les écrits de Fukuyama sur le capital social. Fukuyama défend, dans son livre Trust , qu'il y a une forte corrélation entre la prospérité de l'économie d'un pays et le capital social, qu'il définit par la facilité qu'ont les gens au sein d'une culture particulière à construire de nouvelles associations. J'avais également remarqué que les millions de personnes utilisant des millions d'ordinateurs avaient ajouté une importante capacité : la possibilité pour les individus au sein du réseau de former des groupes. Je me souviens qu'à partir du moment où il fut possible de répondre et d'envoyer des e-mails à des groupes entiers, il devint également possible de lancer des discussions ad hoc. A partir de ce moment, toutes sortes de chat rooms, de forum, de listes d'amis, de salles des ventes, ajoutèrent de nouvelles manières de former des groupes online. La communication humaine ajoute une dimension à la réseautique informatique. J'ai commencé à penser en termes de 'Réseaux de Formation de Groupes' (RFG.) j'ai remarqué que la valeur des RFG augmentait plus vite, bien plus vite, que les réseaux où la loi de Metcalf demeurait vraie. La loi de Reed montre que la valeur des réseaux augmente proportionnellement non au carré des utilisateurs, mais exponentiellement."
Les blogs c'est entre autre ça. Un outil qui met la publication internet à la portée de tous, donc permet l'éclosion de millions d'utilisateurs actifs du réseau. Et à partir du moment ou tout le monde produit du contenu, la valeur du réseau , les possiblilités de développement sont énormes. Pour ce qui a trait au journalisme, ce peut être le journalisme participatif, qui se monte doucement en France, mais qui a déjà permis de renverser un Président en Corée du Sud...La question est de savoir s'il restera un marché, à terme, pour l'information généraliste. Des anaystes comme Chris Anderson, l'un des fondateurs de Wired, pensent que non...et l'expliquent.
- Le "bruit" de la blogosphère. Vous pouvez vous en faire une idée sur le site de technorati, qui recense en temps réel les sujets les plus chauds de la blogosphère. Les outils dont se sert Technorati sont assez "googlesques" : nombre de liens vers un site, une histoire. On s'aperçoit que la blogosphère est souvent une gigantesque chambre d'echo (com) pour des articles issues de médias traditionnels.
La parole à un autre blogger de la salle. Laurent , qu'est-ce qui t'intéresse dans le blogging?